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Les organes

Pénétrer sous la peau. Ôter la chair et les os.

Extraire les organes et observer les fluides corporels !

Modeler les organes, fidèlement, en exagérant leurs proportions, les façonner à la plaque, texturée ou lisse, mais à la fois tendue comme s’ils étaient remplis et sous pression.

 

Les deux premières installations sont des cuves-organes recouvertes de peinture industrielle à l'effet plastique de couleurs chrome ou rouge vif. Elles s’organisent en une machinerie folle, reliées les unes aux autres par un réseau de tubes et de vannes. Greffes maladroites et urgentes, chacune d’elles participe au bon système des flux vitaux. Figures presque clownesques, ces unités de production mettent en moteur les pulsations viscérales d’une créature vivante recomposée, bricolée à la hâte.

 

Une langue est embrochée tel un vulgaire morceau de viande. Elle est texturée et pastillée de papilles. Peinte de couleur pourpre et rehaussée de craie grasse, elle est présentée gisante sur un billot de bois brulé.

 

Deux poumons plongés plusieurs jours dans un bain d’aquarelle bleutée, les marquant ainsi d’une ligne d’eau, puis peints en rose, sont prisonniers de chaînes métalliques attachées à un corps-mort anguleux, un poids coulé en béton.

Coupables ou simples martyres, ces organes sont malmenés, contraints et vulnérables. Les sentences qui leur ont été réservées font office de supplices.

© Sandrine Bringard - 2020

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